En 2017, l'artiste sculpteur Franck Epinat m'a proposé de croiser nos regards lors d'une exposition à Lyon. A la fois très excité par cette opportunité et stressé, je me suis engagé à ses côtés. Une expérience enrichissante dans un superbe cadre (le vieux Lyon, dans les pentes de la Croix Rousse pour les connaisseurs 😉). Presque 6 ans après, à l'occasion d'une future exposition commune (chez l'artiste cette fois, voir détails plus bas), je reviens sur comment j'ai vécu cette première exposition et la confrontation directe sur mon travail. Puis j'aborderai quelques conseils si vous êtes dans cette situation avec beaucoup de questions.

Photographie d'une partie de la salle d'exposition, avec les sculptures de Franck Epinat
Ah oui, avant de poursuivre... je dois préciser qu'il ne s'agissait alors que de photographies souterraines, faisant écho aux créations de Franck. Celles-ci pourraient vivre dans ce milieu en toute liberté. On avait même fait un essai pour les mettre en scène (aucun photo montage ici, les créations de Franck avaient été soigneusement préparé et chouchouté pour la séance, suspendues à du fil de pêche, effacé en post traitement).
I - Le ressenti :
Vous vous en doutez, et j'espère que vous avez déjà eu la chance de l'avoir vécu, mais exposer son travail au public et à ses pairs est une grande source de joie et de fierté. Mais c'est également stressant. Comment les personnes vont-elles réagir à mon travail ? Vont-elles percevoir les enjeux que je souhaite y développer ? Comment vais-je accueillir les critiques, qu'elles soient bonnes ou mauvaises ?
Je n'ai malheureusement pas de réponse miracle ! 😶 Nous sommes tous différents, avec nos personnalités et nos sensibilités. Cependant, il est sûr que plus on place d'attentes dans un évènement, plus les retours seront forts. Très hauts comme très bas.
Alors avant de débuter une exposition, je fais le point sur ce que j'y projette, en évaluant les apports potentiels et en me constituant des caps optimistes mais réalistes. 🎵"Je me voyais déjà, en haut de l'affiche"🎵 est le meilleur moyen de se casser la g***** 😉
Même si je peux retrouver quelques similarités avec le fait d'exposer son travail sur le web, comme ici via mon site ou sur mes réseaux sociaux, l'interaction avec les personnes n'a rien de comparable. L'occasion d'échanger en direct et de pouvoir observer les réactions est indéniablement une aubaine que le web ne peut apporter et ne remplacera certainement jamais.
Autre point, la légitimité d'exposer. Je n'étais pas "pro" à cette époque, lorsque Franck me proposa d'habiller les murs pour communiquer avec ses créations, j'étais excité mais le syndrome de l'imposteur se déclara (rassurez-vous, il est toujours présent mais à moindre échelle). D'autant plus que c'était dans une galerie où de nombreux artistes travaillaient et avaient déjà exposé.
Mais une opportunité pareille ne se présentant pas tous les jours, je m'en serai voulu de ne pas la saisir !

Photographie issue de la page Facebook de la Galerie L'Alcove - Soir du vernissage
II - Mes conseils :
Qui dit première exposition, dit forcément des erreurs et des choses auxquelles on ne pense pas. Rien de grave bien sûr, l'exposition a eu lieu et aucun cadre n'est tombé sur la tête d'un visiteur 😁
Cependant, avec le recul, plusieurs points auraient pu être améliorés. Tout comme l'anticipation logistique ! Ci-dessous, je reviens point par point sur le regard que j'ai aujourd'hui de cette expérience :
Choix des supports :
Point primordial : l'uniformité des supports ! Il y a tellement de possibilités que l'on est tentés de tout essayer (alu, plexi, poster, fine art, toile, PVC, ...) et cela ne sert pas forcément notre propos. Trop de diversité peut dérouter et, selon les supports, rabattre tout l'intérêt sur une seule photo si sa qualité est au dessus du lot. D'ailleurs, c'est l'un des retours que j'avais eu car certains supports avaient un aspect plus "cheap" et mettaient moins en avant les photographies proposées.
Avant cette date, je n'avais jamais imprimé mes photographies sur un grand format (plus de 20x30cm) hormis pour une commande de mon club spéléo de mon "époque lyonnaise" (salut les Troglos 😉). J'en parle ici car les cadres m'avaient été prêté pour que je puisse les inclure à l'exposition ; n'ayant pas un budget illimité pour commander des tirages, cela fût une grande aide. Ainsi, j'avais commandé les 4 cadres ci-dessous (les 2 centraux sur aluminium en 50x75cm et les 2 autres sous plexi en 45x60cm) :

Disponibilité de supports : ce point dérive directement du précédent et n'est pas à négliger, notamment d'un point de vue financier. Si vous avez des supports exposés chez des proches et qui entrent dans le cadre de l'exposition, n'hésitez pas à les leur demander. Si le bien est vendu lors de l'évènement, vous pourrez toujours recommander la pièce pour votre proche et il aura une version toute neuve ; sinon, il lui sera rendu en bon et dû forme.
Mise en lumière : si vous le pouvez, visitez la salle d'exposition avant de commander vos tirages. Etudiez la lumière de la salle et leurs dispositions, ainsi que l'espace qui vous est alloué. Vous pourrez ainsi choisir le bon support et aux dimensions adaptées ou alors, anticiper un autre apport de lumière ou modifier l'existant pour cela mette en valeur votre travail (dixit : adieu les gros reflets qui gâchent tout !). S'il n'est pas possible de vous y rendre physiquement, demandez des détails ou consultez les photographies de précédentes expositions (c'est si facile d'en trouver sur les réseaux de nos jours).
De même, vérifiez les moyens d'accrocher vos supports et prévoyez une trousse à outils pour palier à tout problème le jour de la mise en place. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, c'est à renfort de perceuse et de vis que nous avions dû accrocher certains cadres !

Photographie issue de la page Facebook de la Galerie L'Alcove
La logistique :
Transport : c'est tout bête mais terriblement ennuyeux quand on n'a pas anticipé l'accès au lieu d'exposition ! Pour cette première expérience, j'étais piéton avec des cartons de 80x90cm et sans diable de manutention. Même s'il ne fallait marcher qu'un petit kilomètre depuis un parking, c'était peu évident de balader avec autant de cartons dans les bras, en ayant la peur de les faire tomber !
Trajet et parking : des coûts supplémentaires que l'on ne prend pas toujours en compte à l'origine. Si vous pensez être présents à plusieurs reprises lors de l'exposition (voir quotidiennement selon les conditions avec la galerie ou le lieu), la recherche de place gratuite est un point important, surtout selon les villes (étant sur la Côte d'Azur, les prix de parking font bondir !). Anticipez également les trajets, leurs coûts (péages ?) et les embouteillages. Être en retard à son exposition ne reflète pas une bonne image.
La communication :
Activer tous les réseaux : parlez-en à tout le monde, de partout, à l'avance et rappelez-le ! Même vers des personnes n'étant pas à proximité, elles peuvent connaître quelqu'un d'intéressé. Le bouche à oreille reste un excellent moyen de communiquer sur un évènement. Ainsi, pour cette première fois, j'en avais parlé à l'entreprise où je travaillais, aux amis, aux membres spéléos du département, à la famille (même si je n'en avais pas sur Lyon).
Forcing sur le web : évidemment, ne pas négliger les réseaux sociaux et reposter régulièrement. Tout le monde n'est pas H24 sur son téléphone et peut rater cette information (il y a tellement de contenu et de distraction, qu'il faut faire un travail de rabâchage). A l'époque, je n'avais pas conscience de l'importance de ce point-là. Il faut également avouer que ces derniers ont pris une place majeure en peu de temps.
Publicité visuelle : si vous le pouvez, quelques prospectus/flyers/affiches bien placés peuvent également compléter votre communication. Je n'en avais pas fait pour cette première exposition, par manque de moyen essentiellement.

Affiche réalisée par la Galerie L'Alcove pour l'exposition de 2017
Enfin, faites vous confiance ! Simple à dire mais aujourd'hui encore, j'ai tendance à me tourner vers des proches pour leur demander leur avis ("tu préfères telle ou telle photographie ? Quel support d'après toi ?"). Je cherche un réconfort dans mes décisions auprès de ceux qui me connaissent le mieux. Mais in fine, vous ne pourrez de toute façon pas proposer tout votre travail à exposer, pour des raisons de place, techniques ou financières par exemple. Sélectionnez soigneusement ce que vous voulez transmettre durant cette exposition et restez concentrés sur votre message ou l'émotion que vous souhaitez faire ressentir (ou les émotions !).
III - Pour poursuivre :
Je reviens sur la nouvelle opportunité d'exposer avec Franck, mais cette fois à sa propre salle ! C'est le week-end du 8 et 9 juillet 2023, à l'ouest de Lyon et plus précisément à Saint Laurent de Chamousset. Pour cette occasion, Franck a convié trois artistes pour partager nos visions.
Accompagnés de la peintre iranienne Raziyeh Sheykhali et du plasticien lyonnais Elie Gerbe, cette exposition est partenaire des Estivales des Envers, organisées par Arbo et Sens / Sous la Canopée.
La Galerie L'Alcove est toujours très active et accueille régulièrement des expositions d'artistes. Le collectif est actuellement composé de résidents s'épanouissant dans les domaines de la photographie, la peinture, le kirigami, le dessin, la pyrogravure ou encore l'injection de peinture sur des toiles de lin.
De même, Franck Epinat poursuit sa carrière et sa réflexion sur notre monde, en mêlant bois et matériaux ou objets récupérés. Il est également à noter que Franck est avant-tout formé à la sculpture sur pierre, avant d'avoir migré vers le bois. Il enseigne également son art par l'intermédiaire d'associations. Son site est visible ici et ses réseaux sociaux consultables via Facebook et Instagram.
Enfin, une partie des photographies présentées lors de cette exposition sont présentes sur mon portfolio "Photographie souterraine", comme la Méduse de la Baume des Caranques (actuellement disponible en 45x60cm, impression sur feuille acrylique avec panneau plexiglas, c'est celle sur la chaise, plus haut 😉).
Sauf précisions, les photographies appartiennent à Florian Luciano Photographie - EI et ne sont pas libre de droit, sauf autorisation rédigée par le propriétaire.
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